J11 Sous Elevation Camp (5000m) - Marpha ( 2670m)

Il a effectivement bien neigé cette nuit! Après la tempête d'hier soir, ce matin c'est le grand beau, mais c'est aussi le grand blanc! Décidément, notre descente en vallée ne sera pas aussi facile qu'espérée. On est de nouveau les premiers ce matin, le traçage risque d'être sportif (40cm de neige), et l'orientation assez aléatoire (on ne distingue plus du tout le chemin, et étant donné qu'hier la carte était fausse, on ne peut pas s'y fier). Malgré tout, on a envie de descendre vite, et la tente givrée à l'intérieur ne nous incite pas à rester plus longtemps.

On commence donc à tracer, et on s'arrête à la seule tente pour des conseils d'orientation. On a de la chance, Sarah et Peter, deux allemands, viennent justement de la vallée la veille et savent à peu près où il faut passer. Avant de repartir, ils nous offrent un "ginger lemon tea", bref c'est une pause qui nous fait du bien!

Je reprends le traçage, mais c'est difficile à 5000m, surtout avec la fatigue accumulée des dernières nuits. Au loin, on commence à apercevoir les premiers sherpas, ça c'est la bonne nouvelle! On ne se presse pas, et même on s'arrête pour les attendre. Après une bonne pause, trois sherpas nous dépassent mais s'arrêtent dix mètres plus loin; ils nous regardent, attendent un peu... Non, non, désolés mais on ne repart pas... Bon oui j'admets, c'est pas très fair play...

Une demi-heure plus tard, et une vingtaine de personnes après, on reprend la marche dans une trace bien tassée, et on est bien contents!! Par contre, les porteurs ne sont pas très bien organisés, et n'ont pas l'air de savoir où ça passe... Ils commencent à se séparer, donnant finalement trois traces différentes pour finalement se rejoindre.

On aura mis environ quatre heures pour seulement traverser, car nous sommes encore à 4800m. Quelques kilos de neige mangés plus tard, c'est la fin du calvaire, on commence à descendre et la neige commence à diparaître. Et la cerise sur la gâteau, nos amis allemands (cyclos également par ailleurs) nous rejoignent et nous offrent un pique-nique digne de ce nom: du pain frais et des légumes (radis, oignons, pommes,...). Mon estomac étant toujours en grève, je n'arrive à ingurgiter qu'une seule tranche de pain, mais Simon en revanche se régale. Depuis ce matin, je n'ai mangé que deux barres. Le tour du Dhaulagiri? Idéal pour perdre du poids. Un régime garanti 100% !!

Alors que je marchais ce matin, je méditais un peu sur ce trek. Pourquoi avoir choisi ce trek, "difficile et engagé" et qui plus est, en autonomie totale? Pourquoi plus c'est difficile, plus ça nous attire? Serait-on un peu maso? Pourquoi rechercher sans cesse nos limites, et pour gagner quoi? L'intime conviction que oui, we did it! Serait-ce une manière de se sentir bien vivant, de contrer ce quotidien confortable, et de pouvoir apprécier encore plus les choses à leur juste valeur? Même si je ne sais pas bien ce qu'on est venus chercher sur cette montagne, je pense que nous l'avons trouvé, et nos vies en seront d'autant plus comblées... Parenthèse philosophique refermée.

La longue descente de 2500m de dénivelé jusqu'à Marpha se fait sans encombres. L'idée de retrouver une altitude raisonnable et un semblant de civilisation nous motive beaucoup, et nous arrivons en début d'après-midi dans le joli petit village de Marpha.

Le soir, après ces journées de disette, on craque: pizza (version népalaise), et steak de yack à la Ueli Steck!!